Du côté nord de la Gaspésie, quand on veut aller faire une promenade sur le bord du fleuve, on ne va pas marcher à la plage, on va se promener su’l plain ou sur les plains. Dérivé du mot plaine, le plain désigne un bord de mer plus doux où il est possible de se promener.
Ex. : J’t’allée marcher le long des plains
Ex. : Faisait pas chaud su’l plain hier soir!
Si, dans la Baie-des-Chaleurs, on raise son char, ailleurs en Gaspésie, on le raile. Dans tous les cas, on n’est jamais ben content quand ça arrive. C’est moins pire quand c’est une vitre ou des lunettes, mettons. Raiser ou railer, ça veut dire grafigner ou égratigner en Gaspésie. Peut aussi être utilisé comme nom commun féminin : une raise.
Ex. : J’me suis toute faite railer mon char dans le parking du Rossy
Ex. : J’avais une raise dans mes lunettes.
En Gaspésie, tu ne vas pas chercher quelque chose, tu vas le haler. Surtout si c’est lourd. C’est ben rare que tu vas haler de quoi de léger. Si t’as besoin de haler quelque chose, tu vas sûrement prendre un tracteur, un quatre-roues ou un pick-up.
Ex. : Y’était en train de haler du bois.
Ex. : On va haler ça icitte!
Si le « chère » est utilisée à toutes les sauces, le « guesson » l’est tout autant sur la pointe de la Gaspésie. Dérivé du mot garçon, le nom désigne à peu près tout le monde, dans une familiarité comme ça existe qu’en Gaspésie. Prononcé avec l’accent de Rivière-au-Renard (à prononcer Rivièr’n’or], c’est de la musique aux oreilles.
Ex. : Salut guesson !
Ex. : C’t’u fait là guesson?
Chaque village à ses voireux. Ceux qui sortent le dimanche matin pour aller faire le tour de la paroisse, histoire de savoir les derniers potins. Avant, ils les apprenaient sur le perron de l’église, mais là, ils n’ont pas le choix de faire un peu plus d’efforts pour ne rien manquer des dernières histoires. Ils commencent souvent leur phrase par : « Tu sais pas quoi! » pis y’a des bonnes chances qu’ils fassent l’arbre généalogique de la personne au complet en la nommant (ex. : Nadine à Luc à Michel).
Ex. : Y roule dont ben pas vite, lui! Ça doit être un voireux!
Ex. : Garde dont les voireux qui s’en viennent.
Un permis de conduire? Non, des licences. L’expression, aussi utilisée en Acadie, vient probablement du terme anglais « licence » qui désigne un permis permettant de faire quelque chose. En Gaspésie, c’est ben rare que tu tardes avant d’aller cherche tes licences, quand tu arrives à 16 ans.
Ex. : Y peut pas venir, y’a pu ses licences!
Ex. : J’ai assez hâte d’avoir mes licences!
Ça vient probablement du mot anglais « sneakers », parce que des snikes, en Gaspésie, ce sont des souliers, préférablement des souliers de style sport, souvent même un peu usés. Des sniks chics, ça n’existe pas.
Ex. : Pas besoin d’enlever tes sniks voyons!
Ex. : J’avais oublié mes sniks.
En Gaspésie, les gens n’ont pas de cabanons, ils ont des sheds. À ne pas confondre avec le garage. Le (ou la) shed, c’est un genre de cabane, souvent en tôle, qui existe EN PLUS du garage. Parce qu’on a jamais trop de place pour ranger nos machines.
Ex. : J’pense que j’ai mis ça dans shed!
Ex. : Y doit être en train de bardasser dans le shed!
Le goémon, en Gaspésie, désigne les algues brunes qu’on retrouve un peu partout autour de la péninsule. Si le terme varech est utilisé ailleurs, chez nous, c’est du goémon ou du goamon. Pis on en manque pas!
Ex. : Y’a dont ben un tas de goémon su’a plage cette année!
Ex. : J’ai mis les deux pieds dans le goamon.
Si ailleurs, on utilise le mot lagune, en Gaspésie, ce sont des barachois. Surtout utilisé dans les Maritimes, le terme barachois désigne plusieurs endroits en Gaspésie où l’eau s’installe entre la mer et un banc de sable. Les deux plus connus sont probablement le barachois de Carleton-sur-Mer et le barachois de Malbaie, surtout que ce dernier donne même son nom au village adjacent : Barachois (fusionné à la Ville de Percé).
Ex. : Ça sent fort! Ça doit être le barachois.
Ex. : Y’a plein de beaux oiseaux dans le barachois.
Si tu te promènes sur la plage, il y a de bonnes chances que tu trouves des barlicocos. Ailleurs, on l’appelle bourgot, bigorneau ou buccin, mais dans la Baie-des-Chaleurs, ce sont les coquilles de barlicoco qui ornent les bords de mer. Pis c’est vraiment le fun à collectionner!
Ex. : Faire siffler un barlicoco.
Ex. : Y’a plein de barlicocos sur la plage!
Par Joanie Robichaud, passionnée de la culture gaspésienne
Le 1er juin prochain, c’est la Journée de la Gaspésie. Profites-en pour souligner l’événement en portant du bleu!
Pour en découvrir plus sur la parlure gaspésienne, écoute le balado de Place aux jeunes en région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
Arsoudre, ça veut dire arriver quelque part, bien souvent à l’improviste. En Gaspésie, comme on est très accueillants, ça nous fait toujours plaisir de voir des gens arsourdre! D’ailleurs, s’ils arrivent en soirée, ce n’est pas impossible qu’on les invite à souper. Accueillants, c’est pas mêlant.
Ex : Je devrais arsoudre à soir!
Ex : Y’a arsoud icitte su un moyen temps !
En Gaspésie, some ne fait pas vraiment référence aux mathématiques. Si some signifie « un petit nombre de » en anglais, ici, some veut plutôt dire « tout un » ou « un gros ». C’est une sorte d’adjectif passe-partout souvent utilisé pour remplacer le mot terrible, ce dernier étant prononcé tériiiiiib dans certains coins comme Rivière-au-Renard, lui-même prononcé R’vièr’-au-R’nord (ou Fox pour les locaux!). Tout est une question de prononciation, dans le fond.
Ex : Ça va faire un some spectacle!
Ex : Y’a pris une some débarque en sortant de son char!
Non, on ne parle pas de l’Église ici! Nous venant tout droit de l’anglais, le mess est bien répandu en Gaspésie. Pour parler d’un désordre ou d’un dégât, c’est un mot qui donne un peu de style à une situation parfois catastrophique!
Ex : Allons, as-tu vu le mess que ç’a fait!
Ex : Ça va faire un some mess si ça continue.
Ça n’a étrangement absolument rien à voir avec le fait qu’il manque quelque chose. Ben manque se veut plutôt un synonyme de « peut-être », « sûrement » ou « probablement ». Particulièrement utilisé du côté nord de la Gaspésie et sur la pointe, ben manque que tu risques de l’entendre si tu te promènes dans ces coins-là.
Ex : Ben manque que je ne me rendrai pas à Gaspé sans gazer.
Ex: Y faisait ben manque 30 degrés l’autre jour.
Cher, che ou chère. Autant de variantes que de possibilités d’utiliser ce mot dans une même phrase. En Gaspésie, on est plus que poli et parfois on se laisse aller dans un défilé de cher. Expression particulièrement populaire dans le coin de Chandler, où le che est omniprésent. Ça ou le « fi » pour remplacer fille. À Gaspé, on l’accompagne très souvent du mot belle pis on a tendance à ambitionner sur le nombre dans une même phrase.
Ex : Chère belle chère, qu’est-ce que tu fais à soir?
Ex : Ayou qu’on s’en va à soir che?
Contraction de l’expression populaire « par exemple ». Utilisée dans plusieurs contextes pour remplacer une locution de transition, mais jamais pour donner des exemples. Surtout utilisée pour exprimer son étonnement ou son mécontentement. Expression typique de la pointe gaspésienne.
Ex : Non, mais y’a pas pris le temps pempe!
Ex : Y’a p’t-être ben pas pensé avant de parler pempe!
Eh non, su n’est pas seulement le participe passé du verbe savoir. En fait, en Gaspésie, on est tellement dans la proximité, qu’on ne va pas chez quelqu’un, on va su quelqu’un. Su, c’est donc la façon très direct de dire où on va ou où on est allé. À ne pas confondre avec sul, qui veut dire, littéralement sur quelque chose.
Ex : Viens-t’en, on va aller faire un tour su Catherine.
Ex : As-tu acheté ça su Rossy?
Provenant ben manque de « regarde donc », guedon ou gardon peut être utilisé à toutes les sauces. On est comme ça! On oublie ou on économise les lettres… D’ailleurs, au lieu de dire « regarde », on dit parfois « ga ».
Ex : Guedon Madeleine à Jean-Paul qui se pavane à l’épicerie !
Ex : Gardon l’autre qui s’est tout fait raiser son char !
Ex : Ga la qui arrive de su Axep.
Quand t’as pu de patience, en Gaspésie, tu n’es pas juste impatient, tu es malpatient. C’est comme une coche de plus. C’est parce que tu es vraiment arrivé au bout. Pis si les autres disent ça de toi, c’est parce que t’as probablement été un peu sec dans tes réponses.
Ex : Ouf, je suis assez malpatient aujourd’hui!
Ex : Non mais, y’étais-tu assez malpatient l’autre jour, lui!
Qui n’a pas reçu un coup d’oeil de travers, en ville, quand il a dit haut et fort qu’il allait mettre sa froc ? Une quoi ? Ben, une froc! C’est ben manque encore un emprunt de l’anglais, mais une froc, sur le côté nord de la péninsule et sur la pointe, c’est un manteau qu’on porte pour aller à l’extérieur.
Ex : Tu devrais amener ta froc si jamais on va sul plain.
Ex : As-tu vu ma nouvelle froc? Je l’ai trouvé su Hart!
Un peu comme la froc, la poutch provoque de nombreux regards de travers une fois à l’extérieur de la région! Poutch veut dire, tout simplement, un étui. Encore une fois, ce mot est probablement un emprunt à l’anglais pouch qui signifie « petit sac ». Expression surtout utilisée du côté sud de la Gaspésie.
Ex : Oublie pas ta poutch à hockey!
Ex : Prête-moi ta poutch, j’ai besoin d’un crayon.
On aurait ben de la misère à trouver de quel mot vient le mot grament. Un grament, c’est pas compliqué, c’est un peu n’importe quoi. C’est surtout utilisé de façon semi-négative pour des choses louches, notamment. Ça peut aussi décrire un.e individu.e, tout aussi louche bien souvent.
Ex : C’est quoi le grament qui traîne dans ton char?
Ex : Non, mais as-tu vu son nouveau chum? Méchant grament !
On note au moins deux façons d’utiliser le mot machine. C’est un peu un mot de secours, un genre de joker quand on oublie le vrai nom d’un objet quelconque. Aussi, on peut utiliser le mot machine quand vient le temps de parler de quelqu’un qui a plus de drive que le client en demande! Dans le fond, on l’utilise pour tout, sauf d’une machine au sens propre. Peut aussi être utilisé comme un verbe : machiner.
Ex : Donne-moi le machine pour débloquer la clé!
Ex : Allons, mais c’est une machine c’te fille-là!
Utilisée pour décrire un coton ouaté avec un capuchon plutôt qu’une vraie cagoule, c’est-à-dire un morceau de tissu qui couvre la tête et le cou en laissant juste voir les yeux. Mettons qu’ils font le saut, en ville, dans tu demandes à ton ami s’il va mettre sa cagoule pour aller virer au dépanneur!
Ex : Oublie pas ta cagoule, y va faire frette !
Ex : As-tu vu la belle cagoule Gaspésie à vendre?
Psst! Pour la belle cagoule en question, c’est juste ici!
Expression utilisée par plusieurs Gaspésien.ne.s exilé.e.s en ville pour parler de leur patelin d’origine. Probablement lié au fait que, dans le temps, on descendait le fleuve en suivant le courant pour se rendre jusqu’à l’océan. En partant des grandes villes, il fallait donc « descendre » jusqu’en Gaspésie. Souvent utilisée dans un contexte de nostalgie, quand on s’ennuie de la maison et de la mer.
Ex : On d’scend en bas che nous en fin de semaine!
Ex : Ça vire su un moyen temps en bas de che nous!
Qu’on soit Gaspésien.ne.s d’origine, de coeur ou d’adoption, il y a plein de raisons d’exprimer sa fierté! La Journée de la Gaspésie revient chaque premier jeudi du mois de juin.
Une partie du contenu de cette page a été originalement publié sur le blogue MAMA Gaspésie, qui nous a autorisé à le reprendre et à l’adapter pour l’occasion.
5 à 7 en musique, dès 17h, à la Vieille Usine de l’Anse-à-Beaufils
Jeudi le 2 juin, à 17 h 00 à la microbrasserie Le Naufrageur à Carleton-sur-Mer
* Des conditions s’appliquent
Jeudi le 2 juin, à 17h Chez Casimir à Matapédia
* Des conditions s’appliquent
*Sur réservation seulement*
Jeudi le 2 juin, à partir de 17h, à la Pointe Taylor de New Richmond
pour le retour des 5 à 7 de la journée de la Gaspésie.Ce sera l’occasion de partager notre amour pour notre si belle région avec des gaspésiens et néo-gaspésiens de toute la MRC.
Réservez votre place en cliquant sur le lien suivant : ICI »
Jeudi le 2 juin, à partir de 17h, à la Légion royale canadienne à New Carlisle
Jessica Thivierge et David Cormier
Il y a quatre ans, Jessica Thivierge et David Cormier quittaient Victoriaville pour s’établir en Gaspésie. Ni l’un ni l’autre n’avait grandi dans cette région de laquelle ils sont simplement tombés amoureux. À l’approche des célébrations de la Journée de la Gaspésie, le 2 juin prochain, on vous raconte leur histoire d’amour avec notre région.
Originaire de Beauport, Jessica a déménagé plusieurs fois après avoir quitté le nid familial. En 2012, elle va poursuivre son baccalauréat en Alberta pendant trois ans, puis s’installe à Montréal pour une maîtrise en littérature d’expression française. Un dimanche soir de janvier, en 2015, elle rencontre David, le colocataire d’une amie. C’est là le début d’une relation qui mènera le couple jusqu’en Gaspésie!
Né à New Richmond, d’où sont originaires ses parents, David a toutefois grandi à Longueuil. Passionné d’histoire, il étudie dans ce domaine lorsqu’il rencontre Jessica. « Quand j’ai terminé ma maîtrise, raconte-t-elle, je l’ai suivi à Paris pour ses recherches en histoire du 15e siècle. » En France, le couple fait un constat. « On détestait la grande ville. On s’est demandé comment on ferait pour habiter en région, en campagne. » Et c’est là qu’émerge l’idée de devenir agriculteurs.
Jessica s’inscrit au programme Production légumière biologique à Victoriaville. Au terme de la première année, elle envisage la péninsule, qu’elle a déjà visitée avec son chum, comme lieu de stage. « J’étais venue en Gaspésie deux fois une semaine, pendant les vacances. » David, qui vient chaque année voir des membres de sa famille à New Richmond, l’accompagne. Le couple appelle la grand-mère de David. « Est-ce qu’on peut passer l’été chez vous? » Sa réponse, vous l’aurez deviné, est affirmative. Et la mère de David, de son côté, prédit un coup de cœur à long terme. Elle dit au couple que s’il va passer l’été en Gaspésie, il n’en reviendra pas!
C’est au Jardin du Village, à Caplan, que Jessica fait son stage. Elle y rencontre Sonia et Étienne, les sympathiques et généreux propriétaires. « Après deux semaines, on a fait deux constats importants, raconte Jessica. On savait qu’on voulait habiter en Gaspésie et qu’on ne voulait plus être agriculteurs! » Ainsi donc, après Edmonton, Montréal, Paris et Victoriaville, c’est en Gaspésie que Jessica souhaite s’enraciner, et David a le même désir. « Dans la vingtaine, j’étais de moins en moins satisfait de la vie urbaine, confie-t-il. J’avais besoin de grands espaces. On savait qu’on voulait vivre en milieu rural. La Gaspésie, c’est un peu mes racines. C’était un match parfait. » Et Jessica ajoute : « C’était la première fois de notre vie qu’on savait exactement où on voulait être. »
Les grands espaces propices au plein air et la chaleur humaine sont deux aspects qui ont séduit le couple en Gaspésie. « Ce qui m’a le plus attiré, c’est l’abondance et la proximité du territoire public, mentionne David. La liberté des grands espaces pour le plein air, la chasse, la pêche. » Le côté humain lui plaît aussi beaucoup. « C’est pas difficile de rencontrer des gens en Gaspésie. Les gens sont super chaleureux! » Jessica ajoute : « Jamais on n’aurait pensé que des gens pouvaient être aussi accueillants. Ça a aussi participé à notre choix. C’est de ça qu’on a besoin, ces liens humains là. » Elle a aussi découvert une nouvelle passion. « Je ne savais pas que j’aimais faire du plein air, je n’avais jamais eu l’occasion d’en faire. On est arrivés ici et on pouvait tout faire! Des randonnées dans le parc et la réserve faunique, du kayak, du canot… »
De Sainte-Anne-des-Monts à New Richmond
Après avoir passé un premier été dans la Baie-des-Chaleurs, c’est plutôt sur le côté nord de la péninsule que Jessica et David emménagent. « La première opportunité d’emploi que j’ai eue était à Sainte-Anne-des-Monts, mentionne Jessica. On est restés trois ans. » Le couple a beaucoup aimé y vivre. « Le fleuve est vraiment quelque chose qui nous a marqués. L’horizon… Il y a quelque chose d’indescriptible du côté nord qui est venu nous chercher. »
En 2021, le couple s’installe toutefois sur le territoire qui l’a séduit en premier, la Baie-des-Chaleurs, où il entreprend la construction d’une maison bifamiliale avec les parents de David. « Ils habitaient à Longueuil et nous ont suivis par amour! », s’exclame Jessica. Gaspésiens d’origine, « ils voulaient revenir à New Richmond, là où est la famille. Ils sont venus et ont trouvé un terrain. On s’est greffés à leur projet : pourquoi pas faire une maison bifamiliale, les quatre ensemble? Et on habite la maison depuis l’automne! »
David a terminé son doctorat et travaille à présent au Groupe ressource en logements collectifs, alors que Jessica occupe un emploi à Vivre en Gaspésie. Une belle façon de contribuer, à leur tour, à l’établissement de Néo-Gaspésien∙nes dans la région. « Là, de mon bureau, j’ai vue sur la baie et le mont Saint-Joseph, dit-elle. C’est grandiose, cet accès-là au paysage! »
En vue de la Journée de la Gaspésie, quoi de mieux que de se laisser inspirer par une aussi belle histoire d’amour avec la péninsule pour célébrer notre appartenance à la région?
Gaspésien∙nes d’origine, de cœur ou d’adoption : participez à la grande vague bleue le 2 juin 2022!
Pour tout savoir sur la Journée de la Gaspésie et sa programmation, c’est ici.
Nouveaux arrivants
Kim habite à New Richmond et est propriétaire de l’entreprise Agenda fleuriste à Maria.
Qu’est-ce que tu aimes de la Gaspésie?
« Devenir propriétaire ne m’avait jamais effleuré l’esprit! Je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs. Plusieurs personnes m’ont posé la question, si je reprenais le commerce de ma mère ou d’un membre de ma famille, mais non. Je suis juste allée voir la propriétaire de l’entreprise, et on a jasé! Le commerce était sur le point de fermer et poursuivre un service qui était déjà existant, avec une entreprise bien établie, ça m’encourageait. Le profil de repreneuriat m’allait bien! Ça fait 2 ans et demi maintenant et je ne m’ennuie toujours pas. J’ai toujours plein de choses à faire, de la gestion administrative au contact avec les clients. Il en tient juste à moi de faire que mon travail soit intéressant. »
« Pendant mes études, il y avait 2 choses qui me passionnaient, les poissons et les plantes. J’ai décidé de consacrer mes études à la vie maritime pour accéder au marché du travail. Après réflexion, ma deuxième passion m’attirait plus, pour avoir un quotidien dont je ne me tannerais pas à long terme. Je m’impliquais déjà dans un jardin pour aider aux récoltes. Pour moi, c’était clair que ma passion pour les plantes allait me donner la motivation d’aller travailler tous les jours. »
« Après mes études à Rimouski et un stage d’été à Grande-Rivière, j’ai compris que j’étais devenue une fille de l’Est. Plus jeune, je n’avais pas l’idée de vivre en Gaspésie, mais ça n’a pas étonné mes parents quand je leur ai annoncé. Quand j’étais enfant, on avait l’habitude de venir voir de la famille dans la Vallée de la Matapédia, c’est resté quelque part en moi! Ça fait déjà 5 ans que j’ai déménagé et je ne vois toujours pas de raison de partir. Je me suis rapidement fait des amis, principalement avec le comité d’accueil des nouveaux arrivants et des rencontres avec les amis de mes amis. La ville ne m’intéresse plus du tout! C’est ici que je me sens à ma place. C’est un endroit paisible, loin du stress, loin du trafic quotidien de la ville. C’est un milieu de vie parfait pour les enfants, c’est un beau cadeau à leur offrir! »
Authenticité. Nature. Aventure.
Nouveaux arrivants
Gabriel habite à Sainte-Anne-des-Monts et travaille dans le domaine forestier. Né en banlieue de Montréal, il a toujours été attiré par la nature.
Pourquoi as-tu choisi la Gaspésie?
« Mes stages ont tous été faits en Gaspésie, même si je ne viens pas d’ici. J’ai travaillé à l’Ascension-de-Patapédia pour le regroupement forestier de la Restigouche. Une fois que j’ai terminé mes études, j’ai commencé à la Coopérative forestière de Maria comme superviseur des travaux d’aménagement. Donc, tout de suite en terminant l’école, j’étais superviseur de 10 contremaitres et de 100 travailleurs forestiers. Ça faisait des noms à retenir! Mais j’ai vraiment aimé ça. En Haute-Gaspésie, il y avait le groupe Damabois qui commençait sa propre récolte et ils avaient besoin d’un contremaitre. Alors, j’ai pris un contrat de 3 mois et j’ai vraiment aimé ça ici, c’est pour ça que j’ai décidé de rester. Je travaille avec beaucoup de Gaspésiens de souche et tout le monde a le même but. Et ce n’est pas d’avoir une paye à la fin. C’est que ça marche! Je trouve qu’il y a beaucoup d’entraide sur le plan professionnel. »
« La nature, les espaces verts, je veux dire, je passe 12 heures par jour dans le bois et je ne me tanne pas. La Gaspésie, pour moi, c’est vraiment ça. Ce que j’aime beaucoup de Sainte-Anne-des-Monts, c’est qu’on est juste à côté du Parc national de la Gaspésie. La fin de semaine, on va se promener dans le parc et c’est impossible de se tanner de ça. C’est vraiment la nature qui fait que, au-delà de ma job, je reste ici. C’est cliché, mais ça reste que c’est ça. »
Opportunités. Entraide. Bienêtre.
Nouveaux arrivants
Josianne est venue retrouver son conjoint en Gaspésie au printemps 2020. Après son stage, elle a tout de suite été embauchée par le CISSS de la Gaspésie. Josianne et son conjoint sont présentement en train de se construire une maison à Bonaventure.
Pourquoi as-tu choisi la Gaspésie?
Simplicité. Apaisante. Familiarité.
Nouveaux arrivants
Laurie-Anne est venue s’installer à Caplan en 2019 avec son conjoint Joseph, originaire de l’endroit. Ensemble, ils sont propriétaires de la Distillerie des Marigots.
Pourquoi as-tu choisi la Gaspésie?
Mer, paix, soleil
CAMPAGNE ÉTUDIANTE
Chaque année, environ 200 jeunes de la Gaspésie quittent la région pour faire des études dans les grands centres. Moins de 30% de ces jeunes reviennent s’installer en Gaspésie après leurs études. Le temps des Fêtes est donc un bon moment pour s’adresser aux étudiants gaspésiens de retour dans leur famille le temps que dure le long congé et pour les inviter à réfléchir à un éventuel retour dans la région.
Trois capsules au ton humoristique mettent en scène un jeune étudiant de retour en Gaspésie pour le temps des Fêtes. L’un des messages principaux est de faire comprendre aux étudiants qu’une place les attend et qu’il y a des opportunités d’emplois stimulantes dans la région.
La Gaspésie à l’année, c’est le temps d’y penser!
Il est difficile d’imaginer, il y a 13 000 ans, qu’un énorme glacier recouvre toute la Gaspésie. À la suite d’un réchauffement climatique, cette masse se met à fondre graduellement. Quatre mille ans plus tard, la péninsule se libère du poids des glaces pour ensuite émerger des eaux. Les premiers arbustes et essences d’arbre apparaissent dans ce décor. Le gibier s’amène à son tour.
Puis, les premiers groupes humains suivent à la trace ce précieux garde-manger. Au fil des siècles, ces groupes humains s’identifient au peuple Mi’gmaq, connu comme le « peuple de la mer ». Les Mi’qmaq s’enracinent dans les régions maritimes, dont la Gaspésie, qu’ils nomment « Gespe’gewa’gi », signifiant « bout des terres », « fin du monde ». Chaque lieu est nommé, chaque cours d’eau porte un toponyme mi’gmaq transmis de génération en génération par la tradition orale.
Le XVIe siècle marque une époque de découvertes et de grandes explorations. Les puissances européennes du temps souhaitent s’enrichir en annexant des territoires. Elles sont à la recherche d’une route maritime menant aux richesses de l’Orient. C’est dans ce contexte que l’explorateur Jacques Cartier reçoit la mission de trouver une route navigable menant à ces contrées lointaines, mais en vain. À l’été 1534, nous le retrouvons dans les eaux de la péninsule. Il longe la baie des Chaleurs pour ensuite rebrousser chemin vers l’ouest. Cartier et son équipage effectuent la rencontre du peuple Mi’gmaq à Tracadigash, aujourd’hui Carleton-sur-Mer.
Au retour, la flotte se réfugie dans la baie de Gaspé. À cet endroit, Cartier fait planter une imposante croix de bois qui symbolise la prise de possession du territoire au nom de François 1er, roi de France. Le tout sous le regard d’Iroquoiens qui ne comprennent pas la portée de ce geste.
Septembre 1759. Québec, capitale de la Nouvelle-France, tombe aux mains des Britanniques lors de la bataille des plaines d’Abraham. Au printemps 1760, des secours s’organisent du côté français pour reprendre la ville. C’est trop peu, trop tard. Les renforts français tardent à arriver, de sorte que les autorités britanniques parviennent à renforcer la protection de la ville fortifiée. Devant cette impasse, la flotte de secours française se réfugie dans la rivière Ristigouche, au fond de la baie des Chaleurs. Elle y rejoint un groupe de 1 000 Acadiens, qui sont parvenus à échapper à la déportation en fondant un village de réfugiés appelé Petite-Rochelle.
Toute chose finit par se savoir. En juillet 1760, les Britanniques apprennent la présence des Français sur la Ristigouche. Une bataille s’en suit opposant les troupes britanniques et françaises et leurs alliés acadiens et mi’gmaq. C’est là que le sort de la Nouvelle-France s’est scellé.
Après la Conquête de 1760, la Gaspésie se transforme en une mosaïque culturelle unique dans tout le Québec de l’époque. Les Mi’gmaq, présents sur le territoire depuis des temps immémoriaux, voient leur territoire ancestral être fréquenté par des peuples venant d’ici et d’ailleurs, à commencer par les Basques. La victoire des Britanniques provoque l’avènement de peuples anglophones et de confession protestante tels que les Anglais, les Écossais, les Irlandais, les Anglo-Normands et les Loyalistes qui, eux, arrivent au lendemain de la Guerre d’Indépendance américaine.
Entre-temps, les réfugiés acadiens fuyant la Déportation s’installent dans la Baie-des-Chaleurs en différentes vagues de migration. Quant aux Canadiens-français, ils reprennent l’habitude de venir pêcher dans les eaux gaspésiennes et s’installent en permanence sur le territoire. Enfin, des Irlandais de confession catholique et des Belges s’ajoutent à cette courte-pointe culturelle pour en faire une région ouverte sur le monde.
La Conquête britannique de 1760 entraîne l’arrivée de populations anglophones sur le territoire gaspésien. Rapidement, les eaux poissonneuses de la péninsule sont convoitées par des entrepreneurs provenant des îles anglo-normandes. Parmi eux, un certain Charles Robin, origine de Jersey, se démarque en faisant de Paspébiac le siège social de son empire commercial basé sur la pêche à la morue.
Au fil des ans, la célèbre Charles Robin & Cie fait ses premiers pas dans le commerce des pêches. Diverses installations et des magasins généraux surgissent tout le long de la côte gaspésienne. L’entreprise expédie de la morue salée-séchée partout en Europe et dans les Antilles. Exploiteur pour certains, grand développeur pour d’autres, l’empire Robin, qui repose sur un système de crédit et d’endettement, conditionne l’évolution de la Gaspésie pendant près de 150 ans.
Entre 1860 et 1866, Gaspé est décrété port franc. Tous les navires provenant d’Europe et des États-Unis doivent s’enregistrer au port de Gaspé où se trouve un bureau de douane. Les navires s’y arrêtent pour s’approvisionner ou encore pour charger les cales de marchandises de toutes sortes en partance pour les marchés étrangers. Le port franc insuffle un dynamisme et une activité commerciale sans pareil dans la péninsule. Ce trafic maritime procure du travail à de nombreux Gaspésiens.
Gaspé devient une plaque tournante incontournable, au point où nous assistons à l’ouverture de consulats étrangers destinés à veiller aux intérêts économiques des pays concernés. Apparaissent donc dans le paysage de Gaspé 11 consulats, dont ceux des États-Unis, de l’Italie, du Brésil, du Portugal, de l’Espagne, de la France et de la Norvège.
La Haute-Gaspésie est un pays dans le pays. C’est celle que les anciens appelaient le «Malbord» pour son relief et sa nature plus sauvage. Ses paysages, qui ont été sculptés il y a des millénaires, rendent la péninsule unique. Que dire de ses habitants, véritables porteurs de traditions. En 1918, l’anthropologue Marius Barbeau sillonne les routes de la Haute-Gaspésie pour y enregistrer la voix des chanteurs et des conteurs traditionnels.
Il capte également l’attention de la Gaspésienne Carmen Roy, fille spirituelle de Barbeau et anthropologue de renommée internationale. Elle devient la gardienne du patrimoine vivant de la Gaspésie en consignant de nombreux trésors: chansons traditionnelles, contes, remèdes d’antan, toponymes, origines du nom des villages, etc. En 1952, elle complète son doctorat à l’Université de Paris intitulé Littérature orale de la Gaspésie. Comment oublier la première poétesse du Québec Blanche Lamontagne et le docteur écrivain Jacques Ferron, qui s’abreuvent de cette Haute-Gaspésie à travers leurs œuvres.
Au début des années 1930, la crise économique fait des ravages considérables. Le chômage bouleverse les sociétés. Des populations entières cherchent à éviter la misère et la famine. Un retour à la terre s’offre comme solution. En Gaspésie, des terres situées dans l’arrière-pays sont offertes pour presque rien. S’armant de patience et de résilience, des colons défrichent des terres de roches pour se forger un nouvel avenir. Avec la décennie 1960, un vent de changement souffle sur le Québec, qui fait son entrée dans la modernité. Une ère de réformes bouleverse toutes les sphères de la société. C’est la Révolution tranquille.
Dans ce contexte, le gouvernement a des plans pour la Gaspésie afin de réduire les retards socioéconomiques. Pour permettre aux régions d’atteindre le niveau de vie des villes, les recommandations du Bureau d’Aménagement de l’Est du Québec sont appliquées. Parmi celles-ci figure la fermeture d’une dizaine de villages de l’arrière-pays gaspésien, jugés non rentables, au cours des années 1970. Des mouvements de résistance populaires s’organisent.
Jusqu’au milieu du 19e siècle, la route, en Gaspésie, c’est la mer! Les barques et goélettes s’arrêtent de villages en villages, transportant marchandises et nouvelles de toutes sortes. Les navires à vapeur prennent le relais, permettant aux riches bourgeois des villes de découvrir cette région pittoresque qu’est la Gaspésie. L’avènement du chemin de fer au tournant des années 1890 rend la région plus accessible et renforce notre lien avec le monde. Puis, le début du 20e siècle propulse la voiture sur les routes.
En juillet 1929, le boulevard Perron, qui ceinture toute la péninsule, est inaugurée. Le mythique tour de la Gaspésie devient réalité. Le gouvernement du Québec profite de l’engouement en faisant imprimer 500 000 cartes postales de la Gaspésie! Les premiers fascicules touristiques sont distribués à des dizaines de milliers d’exemplaires. La Gaspésie devient ainsi l’une des premières régions touristiques de tout le Québec. Aujourd’hui, la péninsule est reconnue comme un itinéraire remarquable selon le National Geographic.
La Gaspésie représente un terreau fertile pour de nombreux musiciens d’origine gaspésienne. Les noms de Paul Daraîche, Laurence Jalbert, Kevin Parent, Patrice Michaud, Les Sœurs Boulay, Viviane Audet et Klô Pelgag sont le reflet d’une péninsule dynamique et inspirante, qui nourrit la scène culturelle québécoise.
Celle qui a ouvert la voie est sans doute Mary Travers, dite La Bolduc. Née à Newport, son père est Irlandais, sa mère est Canadienne-française. La jeune Mary se passionne très tôt pour la musique folklorique. Nous la retrouvons souvent sur la scène durant les veillées et les mariages du village. En 1907, âgée de 13 ans, elle part pour Montréal et devient ménagère. En 1928, elle est remarquée lors d’une veillée de musiciens au Monument National. Elle fait sensation. En décembre 1929, elle endisque son premier album. Chez Archambault, rue Sainte-Catherine, 10 000 albums trouvent preneur en 30 jours! La Bolduc devient la chanteuse la plus populaire du Québec.
En 1956 s’ouvre le Centre d’art de Percé sous l’initiative de l’artiste multidisciplinaire Suzanne Guité. Cet endroit fait de Percé pendant un quart de siècle un lieu de création incontournable au Québec. Pour que le projet prenne vie, une ancienne grange de la compagnie Robin est restaurée. À l’intérieur, nous y retrouvons un petit théâtre, une galerie d’art, un cinéma, des ateliers de peinture, de ballet, de modelage et de sculpture. Le Centre d’art devient un carrefour de création unique, un lieu de rencontres inestimables où bon nombre d’artistes québécois se produisent. C’est l’époque des boîtes à chansons qui débute.
Des artistes québécois de renom montent sur les planches de ce haut-lieu culturel pour ne nommer que Félix Leclerc, Jean-Pierre Ferland, Raymond Lévesque, Pauline Julien, Claude Léveillé et Gilles Vigneault. Un certain Gaston Miron s’y arrête pour visiter son amie Suzanne. Le Centre d’art ferme ses portes en 1981 à la suite du décès de Suzanne Guité. Il inspirera et influencera la génération d’artistes qui suivra.
Dans les années 1960, la jeunesse du monde entier se fait contestataire et revendicatrice. Elle a soif de droits et de liberté. La jeunesse québécoise joint ce mouvement. À l’été 1969, elle se donne rendez-vous à Percé, lieu mythique au décor plus grand que nature. Cet été-là, une auberge de jeunesse ouvre ses portes au cœur du village, où le tourisme américain et l’affichage en anglais s’imposent. Les frères Paul et Jacques Rose et leur ami Francis Simard, tous trois futurs membres de la cellule Chénier du Front de Libération du Québec, inaugurent la Maison du pêcheur en accueillant étudiants et chômeurs.
Les autorités de Percé considèrent cette clientèle comme un élément nuisible au commerce et à l’économie de Percé. La Maison du pêcheur est arrosée à coup de boyaux d’incendie, puis fermée. À l’automne 1970, la cellule Chénier procède à l’enlèvement du ministre Pierre Laporte. Le Québec est alors projeté dans une crise sociale et politique connue sous le nom de crise d’Octobre.
Au printemps 1981, le gouvernement québécois interdit la pêche au saumon avec des filets. Pour la communauté mi’gmaq de Listuguj, ce décret bouleverse leur mode de vie ancestral. Des pêcheurs mi’gmaq décident donc de braver cette interdiction. Le gouvernement lance aussitôt un ultimatum au chef Mi’gmaq: les filets doivent être retirés dans 24 heures. Devant l’impasse, la menace est mise à exécution. Le 11 juin 1981, plus de 500 policiers de la Sûreté du Québec, provenant de l’escouade anti-émeute, et des agents de la conservation de la Faune prennent d’assaut la communauté. Les filets sont confisqués et détruits sur place. Une douzaine de pêcheurs sont arrêtés. Ils sont mis à l’amende et voient leur liberté surveillée pendant un an. Les pouvoir du Conseil de bande sont suspendus.
En juin 1982, le gouvernement fait marche arrière et suspend les restrictions. Cet événement aura contribué à éveiller le combat des autochtones pour la reconnaissance de leurs droits ancestraux.
Au début des années 1990, le taux de chômage en Gaspésie dépasse par moment les 25%. Les prestations d’aide sociale atteignent des sommets. L’économie gaspésienne, qui repose essentiellement sur des piliers traditionnels que sont les pêches, la forêt et les mines, connaît de sérieuses difficultés. Les ressources naturelles, si précieuses à la Gaspésie, s’épuisent. Les guerres de clocher sont pratiques courantes. La jeunesse s’exile vers les grands centres. Devant une telle situation, des organismes régionaux se regroupent pour éveiller et mobiliser la population.
Le 26 mai 1991, à l’aréna de Chandler, nous assistons au Ralliement gaspésien-madelinot. Plus de 8 000 personnes s’y donnent rendez-vous pour entendre artistes et acteurs régionaux clamer leur attachement pour la Gaspésie. Un manifeste est lu sur place. Trente ans plus tard, cet événement a permis une prise de conscience qui changera à jamais la destinée de la région sur les plans de la concertation et du développement régional.
Contrairement à ce que l’on peut penser, il n’existe pas une, mais plutôt plusieurs Gaspésie. Grande comme un pays, la Gaspésie se démarque par son relief et son climat qui varie d’un lieu à l’autre. La Baie-des-Chaleurs par son relief plat et fertile; la pointe par ses paysages escarpés sculptés par la mer; la côte par son décor reposant entre mer et falaises; la vallée, pays de plateaux et de rivières. Au sein de ces pays gaspésiens se trouvent des origines et des accents qui font la beauté des lieux. Les églises catholiques ainsi que les nombreux petits lieux de culte protestants témoignent également de cette diversité.
Le patrimoine bâti et la façon d’occuper le territoire dévoilent aussi une région où le savoir-faire varie d’un endroit à l’autre. Ce qui nous rejoint parmi tous ces signes distinctifs, c’est notre identité, notre appartenance et notre attachement profond pour cette Gaspésie unique.